L'ITALIE À PILE OU FACEPar Stéphane BITTON
Le tournoiL'Italie doit une revanche à ses supporters. Honteusement sortie de la Coupe du monde 1966 par la Corée du Nord, elle veut se reconstruire une crédibilité. En demi-finale, à Naples, elle retrouve une URSS jamais facile à jouer pour des Latins inspirés. La rencontre débute mal pour les coéquipiers de Zoff, qui perdent le stratège du Milan AC, Rivera. Réduits à dix, il n'y a pas de remplacements à l'époque. Les Italiens résistent. On joue la prolongation. A deux minutes de la fin de la rencontre, Domenghini tire sur le poteau. Score final, 0-0 ! Le match se jouera donc à «pile ou face». Le capitaine italien, Giacinto Facchetti choisit «face». L'Italie est en finale.
Dans l'autre demi-finale, à Florence, la Yougoslavie, qui possède la plus belle équipe du tournoi, élimine l'Angleterre. Le pied gauche magique de Dzajic trompe Gordon Banks à trois minutes du coup de sifflet final. Le champion du monde est éliminé !
La finale«Enfin une finale de techniciens», se disent les observateurs. Que nenni. Le 8 juin 1968, 85 000 Italiens se pressent au Stade Olympique de Rome pour assister à la victoire tant attendue des leurs. C'est pourtant un match sans savoir qui est offert au public. Dzajic, encore lui, a ouvert la marque après la demi-heure de jeu (39e). Les Yougoslaves se replient, les Italiens sont peu inventifs. Alors que les visiteurs se dirigent vers la victoire finale, Domenghini égalise à la 80e minute. La prolongation ne donne rien. Rendez-vous est donc pris deux jours plus tard, même endroit, même heure.
Au passage, l'Italie récupère Alessandro Mazzola, fils du grand Valentino, mort en 1949 dans l'accident d'avion où périt toute l'équipe du grand Torino. Et cela change tout ! Au sommet de son art, il distille de merveilleux ballons à ses attaquants, qui ne manquent pas de les exploiter pour offrir à l'Italie un titre, le premier depuis 1938, et une nouvelle crédibilité dans le concert des nations du football. Riva (12e) et Anastasi (31e) suppriment tout suspense.
La feuille de matchLe 8 juin 1968 à Rome, Stade Olympique
85 000 spectateurs
Arbitre : M. Dienst (Suisse)
ITALIE - YOUGOSLAVIE : 1-1 a.p. (0-1, 1-1)
Buts : Dzajic (39e) pour la Yougoslavie. Domenghini (80e) pour l'Italie.
Italie : Zoff - Burgnich, Facchetti - Ferrini, Guarneri, Castano - Domenghini, Juliano, Anastasi, Lodetti, Prati. Entr. : Valcareggi.
Yougoslavie : Pantelic - Fazlagic, Milan Damjanovic - Miroslav Pavlovic, Blagoje Paunovic, Holcer - Petkovic, Tricic, Musemic, Acimovic, Dzajic. Entr. : Mitic.
Finale rejouéeLe 10 juin 1968 à Rome, Stade Olympique
50.000 spectateurs
Arbitre : Ortiz de Mendibil (Espagne)
ITALIE BAT YOUGOSLAVIE : 2-0 (2-0)
Buts : Riva (12e), Anastasi (31e) pour l'Italie.
Italie : Zoff - Burgnich, Facchetti - Rosato, Guarneri, Salvatore - Domenghini, S. Mazzola, Anastasi, De Sisti, Riva. Entr. : Valcareggi.
Yougoslavie : Pantelic - Fazlagic, Damjanovic - Pavlovic, Paunovic, Holcer - Acimovic, Trivic, Musemic, Hosic, Dzajic. Entr. : Mitic.
L' anecdotePour la première fois, l'UEFA adopte la formule des groupes éliminatoires, comme en Coupe du monde. Huit groupes sont constitués, ils qualifient chacun une équipe. Puis suivent les quarts de finale. Mais ce n'est qu'à partir des demi-finales que l'épreuve s'installe en Italie.
Source:
http://www.lequipe.fr/Football/EURO_RETRO_68.html